C’est à l’appel de la Sous-préfecture de Lens début 2019 que Sia Habitat a mis en place un dispositif pour traiter le sujet du relogement des victimes de violences conjugales. Une cellule du commissariat de Lens identifie les victimes et transmet leur dossier à la Sous-préfecture. En raison du manque de place dans les centres d’hébergement, la Sous-préfecture se tourne alors vers les trois plus gros bailleurs de la région, parmi lesquels Sia Habitat. « Il s’agissait de quelques cas au début, puis nous avons commencé à recevoir plusieurs dossiers par semaine, raconte Florence Masson-Deledicq, responsable clientèle à la DT de Oignies, qui a pris en charge ce dossier au débotté. Nous n’avions pas prévu un dispositif pour répondre à cette problématique, nous nous sommes vraiment organisés face à la demande, en partant du terrain et construisant notre dispositif autour. »
Une organisation face à l’urgence, pourrait-on dire. Car le temps est compté dans ce genre de situation et tout l’enjeu pour le bailleur est de réduire au maximum les délais de traitement. Pour ce faire, Florence Masson croise les logements vacants avec les données envoyées par la sous-préfecture. Elle prend en compte notamment les questions de localisation : la proximité de l’école des enfants, s’il y en a, ou au contraire l’éloignement du domicile d’origine lorsqu’il y a une ordonnance restrictive. Toute l’efficacité du dispositif repose sur sa capacité à trouver immédiatement le bon logement pour donner le plus de chance à la proposition. Le dossier passe ensuite directement entre les mains d’un gestionnaire locatif qui prend contact avec la victime dans un délai de 48h après la demande et la tient informée de l’avancement du dossier. « Tous les collaborateurs impliqués font preuve d’une grande réactivité. Nous arrivons de cette façon à diviser en moyenne par deux les délais de traitement », commente Florence Masson-Deledicq.
En 2019, Sia Habitat a ainsi traité avec succès 18 dossiers de relogement de personnes victimes de violences conjugales. Une belle réussite. Pourtant, pour les équipes, la réalité n’est pas si réjouissante. « Nous faisons face à des situations compliquées, que les collaborateurs n’ont pas l’habitude d’appréhender, explique Florence Masson-Deledicq. Dans un cas sur trois pratiquement, le relogement n’aboutit pas. Pourtant, les collaborateurs se sont démenés et ont réussi à proposer un logement dans des délais extrêmement courts. Mais au dernier moment la personne change d’avis et préfère rentrer chez elle. Cela génère pour nous beaucoup d’incompréhension et un sentiment d’échec. »
Une journée de sensibilisation a été mise en place avec l’accompagnement de l’association SOLFA, pour former les collaborateurs sur les réalités de ces situations et les aider à mieux comprendre ces mécanismes. Adressée en priorité aux gestionnaires locatif, de contentieux et aux médiateurs de contentieux, elle a aussi pour objectif d’apprendre au personnel de proximité à accueillir et orienter ces nouveaux publics et à détecter éventuellement des cas parmi les locataires actuels.
« Finalement, une des personnes qui n’avaient pas donné suite à sa demande en septembre est revenue vers nous en janvier et vient d’être relogée. C’est elle qui a recontacté directement la gestionnaire locative, le lien s’était tissé. Pour moi, le succès ne tient pas seulement au relogement, c’est aussi d’avoir la capacité de tendre la main », conclut Florence Masson Deledicq ».
Depuis 1 an, le Groupe SIA a inscrit le relogement des personnes et familles victimes de violences comme prioritaire en partenariat avec les services de la Sous-préfecture (reconnus systématiquement prioritaires au titre du Contingent Préfectoral) par les actions suivantes :
- Transmission en circuit court des dossiers orientés par la Sous-préfecture (contact du référent social de la personne ou famille à reloger dans les 48 heures par un gestionnaire locatif pour évaluer le besoin et l’urgence pour une réponse adaptée avec retour systématique sur l’avancement du dossier.
- Mise en place de baux glissants (Convention tripartite) dans le cadre AML renforcé classique ou Logement d’Abord avec l’APSA ou AUDASSE lorsque la situation administrative ou sociale ne permet pas la signature d’un bail direct avec la personne ou la famille.
- En cas d’urgence d’une situation en bail glissant, possibilité d’une régularisation en CAL à postériori avec information préalable des Elus de la commune concernée.
- Renforcement du partenariat avec le centre Brunehaut à Hénin-Beaumont (Association SOLFA) dont l’organisation d’une journée de sensibilisation et d’information des équipes de la Gestion Locative, Gestion Sociale et Médiation dispensée par l’association le 14 octobre dernier.
- Dans le cadre de l’ouverture des places d’hébergement en janvier 2020, réponse aux côtés de l’APSA à l’Appel à projet Logement d’Abord avec notamment la proposition de mise à disposition d’un logement « d’urgence » à Lens (Association 9 de Cœur) et possibilité d’augmenter le nombre de relogements en accès direct par la signature de baux glissants AML Logement d’Abord.
- Réponse à l’appel à projets 2020 sur l’égalité entre les femmes et les hommes en lien avec l’association RECUP TRI afin d’aider les familles victimes dans l’ameublement à moindre coût de leur nouveau logement.