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Publié le 20/10/2020

Qualité des logements : quels horizons après la crise sanitaire ?

La crise du COVID et les confinements à répétition ont remis en lumière le rôle tout à fait singulier que joue l’habitat dans nos vies. Elle incite fortement les bailleurs sociaux à revisiter ou approfondir les réflexions sur les déterminants de la qualité des logements.

Ces derniers mois tous les secteurs d’activités ont été traversés par une aspiration à inventer le monde d’après. Le logement échappe d’autant moins à la règle que les mois de confinement ont exacerbé les irritants de nos « home sweet home » en accélérant l’émergence de nouvelles aspirations. C’est ce que montre sans ambiguïté une enquête menée par l’Institut Des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) au plus fort de la crise sanitaire. « Nous avons sondé 8000 personnes, explique Catherine Sabbah, déléguée générale de la structure. Les témoignages reçus nous ont permis d’identifier trois besoins majeurs : l’espace, la lumière et l’accès à l’extérieur et à la nature. Ces trois thèmes peuvent paraître évidents, mais on constate cependant qu’ils ont eu tendance à passer à l’arrière-plan ces dernières années au bénéfice d’autres problématiques comme les espaces partagés ou les aménagements extérieurs à l’échelle de l’îlot, voire du quartier. Or, quand nous sommes renvoyés à notre condition d’habitant 23h/24, ce qui est fait pour le « vivre ensemble » compte moins qu’une pièce ou un espace extérieur en plus ! » « Le confinement a également remis en cause l’organisation du logement autour de l’attribution d’une fonction par pièce, poursuit Yankel Fijalkow, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine (ENSAPVS) et codirecteur du Centre de recherche sur l’habitat (CRH). Dans des appartements aux dimensions réduites et face à la diversification des modes d’habiter (colocation, cohabitation…) la multifonctionnalité des lieux devient un critère de qualité de plus en plus important. »

Du confort au bien chez soi

Plus généralement les résultats de cette enquête sont aussi une invitation à repenser le « bien chez soi ». « Depuis le milieu du XIXe siècle la qualité de l’habiter est essentiellement traduite par la notion de confort », indique ainsi Yankel Fijalkow. Cette vision a entraîné une réponse « équipementière » et standardisée, qu’il s’agisse du « gaz et eau à tous les étages » du passé, à la multiplication des systèmes de commandes actuels contrôlant les ouvertures et les énergies. « Aujourd’hui, poursuit-il, on constate que les attentes des habitants sont de plus en plus subjectives, individuelles et immatérielles. Y répondre est un défi d’avenir pour les acteurs du logement. Et ce n’est pas un petit défi, au regard des contraintes financières, réglementaires et technologiques qui pèsent nécessairement dans leurs réflexions sur le logement de demain… »

Performance énergétique et sociale

…Sans compter que d’autres sujets de fonds qui existaient bien avant la crise viennent se mêler à l’équation que doivent résoudre ceux qui imaginent le logement de demain, « tels que la performance énergétique, l’impact environnemental de l’habitat, l’adaptation au vieillissement de la population ou encore les articulations à créer pour faire du logement un meilleur outil développement économique et social au service des ménages et des territoires », souligne Richard Defretin, directeur des grands projets habitat au sein de Sia Habitat. Ce sont des domaines pour lesquels le mouvement HLM fait figure de pionnier. L’expérience que nous avons acquis sur ces thématiques doit aujourd’hui nous permettre d’aller plus loin en approfondissant les réflexions sur les autres facettes de l’expérience offerte par un logement, comme les questions d’espace et de bien-être chez soi. » Les engagements pris cet été par l’USH qui associent la rénovation thermique à l’amélioration de la qualité de vie des locataires suggèrent que ces convictions sont largement partagées.

De nombreuses pistes à explorer

Depuis plusieurs années, les acteurs du logement et en particulier les bailleurs sociaux multiplient les travaux de recherche et les initiatives concrètes pour répondre aux besoins actuels et anticiper les attentes futures des habitants. Parmi les pistes explorées depuis quelques temps on trouve notamment de nouveaux procédés constructifs modulaires et pré-fabriqués qui présentent le double avantage de réduire les coûts financiers et environnementaux des chantiers et de favoriser la conception de logements évolutifs et modulables. Avec à la clé, un habitat qui pourra s’adapter aux parcours de vie de ses habitants : favoriser le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie, concilier les différentes façons d’habiter sous un même toit « et accueillir de nouvelles fonctions associées au logement comme le télétravail ou encore les pratiques sportives », ajoute Catherine Sabbah. De plus en plus d’acteurs s’intéressent de très près aux matériaux de construction, à commencer par le bois – qui occupe une place croissante dans les chantiers de logements sociaux en particulier dans les projets de rénovation – mais aussi le béton de chanvre ou d’autres matériaux biosourcés innovants, à l’instar de Woodoo, un bois « augmenté » mis au point par une startup française. Autant d’avancées qui peuvent servir de tremplin pour des réceptions plus globales sur le besoin de nature qui a été accentué par le confinement. Enfin, les pratiques de conception ne sont pas en reste, avec l’émergence d’approches participatives, focalisées sur les besoins et les attentes des habitants qui devrait contribuer à faire converger la qualité de l’habiter telle qu’elle est perçue par ceux qui les conçoivent et par ceux qui y vivent.

Sia Habitat mise sur Co&Sia

Dans les Hauts-de-France, Sia Habitat a fait de ce dernier sujet une véritable priorité stratégique, incarnée par la démarche Co&Sia. « Co&Sia associe rénovation des logements, action sociale et attractivité des territoires. Mais ce sont réellement les habitants qui sont au cœur de nos préoccupations, ce qui nous amène à rechercher leur implication dans nos différents projets », résume Richard Defretin. Déployée depuis deux ans, en format pilote, sur plusieurs opérations de réhabilitation menées dans le bassin minier, la démarche conjugue trois leviers d’action : la performance patrimoniale, la performance citoyenne et la performance locative. Modélisée, elle est désormais sur le point d’être intégrée à tous les grands projets de l’opérateur dans les années à venir et se traduit par de nombreuses mesures. Certaines peuvent être très innovantes, tel le recours à l’hydrogène pour le chauffage des logements, dont la faisabilité est à l’étude à Cappelle-la-Grande (59) dans le cadre d’un projet mené avec Engie. « D’autres portent sur l’autonomie alimentaire via un accompagnement à la permaculture, sur le renforcement du pouvoir d’achat des ménages (à travers la réhabilitation thermique des logements et peut être un jour via la mise en place d'une coopérative d'énergie) ou sur la mobilité, poursuit Richard Defretin. Autant de domaines qui paraissent très loin de l’image d’ingénieur et de constructeur qui colle à la peau des acteurs du monde HLM. « Nous pensons que c’est en endossant ce type de missions que nous pourrons contribuer à transformer le logement et le vivre ensemble. »

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