Ces derniers mois tous les secteurs d’activités ont été traversés par une aspiration à inventer le monde d’après. Le logement échappe d’autant moins à la règle que les mois de confinement ont exacerbé les irritants de nos « home sweet home » en accélérant l’émergence de nouvelles aspirations. C’est ce que montre sans ambiguïté une enquête menée par l’Institut Des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) au plus fort de la crise sanitaire. « Nous avons sondé 8000 personnes, explique Catherine Sabbah, déléguée générale de la structure. Les témoignages reçus nous ont permis d’identifier trois besoins majeurs : l’espace, la lumière et l’accès à l’extérieur et à la nature. Ces trois thèmes peuvent paraître évidents, mais on constate cependant qu’ils ont eu tendance à passer à l’arrière-plan ces dernières années au bénéfice d’autres problématiques comme les espaces partagés ou les aménagements extérieurs à l’échelle de l’îlot, voire du quartier. Or, quand nous sommes renvoyés à notre condition d’habitant 23h/24, ce qui est fait pour le « vivre ensemble » compte moins qu’une pièce ou un espace extérieur en plus ! » « Le confinement a également remis en cause l’organisation du logement autour de l’attribution d’une fonction par pièce, poursuit Yankel Fijalkow, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine (ENSAPVS) et codirecteur du Centre de recherche sur l’habitat (CRH). Dans des appartements aux dimensions réduites et face à la diversification des modes d’habiter (colocation, cohabitation…) la multifonctionnalité des lieux devient un critère de qualité de plus en plus important. »