Dans le détail, 4 milliards d’euros sont prévus pour les bâtiments publics, 2 milliards pour les logements privés. Les bailleurs sociaux, eux, bénéficient d’un coup de pouce de
500 millions d’euros pour les réhabilitions lourdes du parc HLM. Jusqu'à présent, les bailleurs disposaient de subventions ciblées par poste de travaux, et non des aides générales à la rénovation. « C’est une première amorce intéressante pour accélérer notre rythme d’investissements », juge Nathalie Roussel, directrice de la stratégie patrimoniale, Sia Habitat. Troisième bailleur social des Hauts-de-France, Sia Habitat est concerné par l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, un vaste programme décennal de rénovation des maisons des anciens charbonniers. « 3 250 habitations énergivores ont déjà été traitées ou mises en chantier, et 3 460 supplémentaires le seront d’ici 2028 », précise Nathalie Roussel.
Il faut dire que les acteurs HLM font figure de bons élèves sur la question des passoires thermiques. Celles-ci ne représentent que 7% du parc social, contre 18,7% pour le privé. Les bailleurs sociaux réalisent plus de 100 000 rénovations énergétiques par an, et visent la sortie totale d’étiquettes E, F et G en 2027.
Pourtant, il va falloir faire mieux. Lors de la journée de rentrée de l'Union sociale pour l'habitat (USH), le 15 septembre, Emmanuelle Wargon, la ministre en charge du Logement, a demandé au secteur d'avancer de quatre ans la date de suppression des passoires énergétiques. Une contrepartie aux 500 millions d'euros du plan de relance. Le Gouvernement fixe même un objectif de 40.000 rénovations supplémentaires.
Une ambition certes louable mais est-elle réaliste ? « Les organismes HLM sont des professionnels du patrimoine, ils ont un temps d’avance sur la rénovation énergétique », estime Djilali Derouiche, directeur adjoint de la maitrise d’ouvrage d’Erilia. La preuve : sur les 61 000 logements gérés par Erilia, il n’en reste plus qu’un millier classés F ou G (principalement des logements chauffés à l’électricité) et d’ici 2023 toutes les réhabilitions thermiques auront été engagées.
Une bonne nouvelle qui n’empêche pas Djilali Derouiche de s’interroger sur « la capacité de la filière du bâtiment à absorber les volumes induits par les différents plans de rénovation énergétique, avec du personnel qualifié, des modes de production de chauffage et d’eau chaude innovants, des matériaux biosourcés, des énergies renouvelables ». Avant de préciser son point de vue : « Compte tenu des exigences quantitatives, qualitatives et de maîtrise des coûts, l’enjeu de la filière entière (concepteurs, bureaux d’études, fournisseurs, entreprises générales, etc.) est double : d’une part, moderniser leurs process, notamment grâce au numérique, pour optimiser les opérations de rénovation énergétique. Et d’autre part, former des professionnels de l’efficacité énergétique ».
Autre source d’inquiétude pour le monde HLM : l’absence, dans les annonces gouvernementales, d’aides dédiées à la construction de logements sociaux et très sociaux. Une activité qui constitue pourtant un levier majeur pour soutenir l’économie, l’emploi et la qualité des vie des locataires. Le soutien attendu viendra peut-être de l’Union Européenne. Le plan de relance européen de 750 milliards d’euros adopté en juillet ouvre de nouvelles voies de financement aux organismes HLM français. Par exemple, le mécanisme de garantie de prêts Invest EU, qui leur permet de bénéficier de prêts pour la rénovation thermique et plus largement pour la production de logement social, est doté de 5,6 milliards d’euros supplémentaires.