À Méricourt, la municipalité pratique déjà depuis plusieurs années la participation citoyenne. Le quartier du Maroc est un quartier dit prioritaire de la politique de la ville (QPV), dans lequel Sia Habitat est le premier bailleur. Pour Richard Defretin, responsable recherche & innovation, le terrain était donc propice pour expérimenter un nouveau genre de comité avec les habitants. « En tant que bailleur, nous consultions déjà nos locataires de façon ponctuelle. Avec ce comité nous souhaitions organiser une collaboration régulière qui va au-delà du simple fait de leur demander leur avis ou de récolter les doléances. »
L’objectif à long terme est de mettre les habitants en position de décider et d’agir, en intégrant la logique de leur environnement, grâce à un accompagnement semi-professionnalisant et valorisant. « Nous considérons les habitants comme les meilleurs experts de leur quotidien. Les faire travailler entre eux et avec nous, c’est instaurer une relation gagnant-gagnant qui dépasse le cadre du logement et permet d’améliorer la vie du quartier dans son ensemble” explique Richard.
En décembre 2016, un diagnostic partagé est réalisé sur la base d’une marche exploratoire avec un groupe d’habitants et de collaborateurs de terrain. L’aménagement du parc central de la résidence, le parc de la Croisette, est apparu comme le projet idéal pour monter un premier comité de collaboration. En effet, les professionnels en avaient une vision plutôt positive alors que les habitants le sous-utilisaient, voire le percevaient une comme source de nuisances et d’insécurité.
Les débuts sont mitigés. Plusieurs tentatives de mobilisation sont lancées mais la participation est trop faible pour créer un véritable comité. Néanmoins, les équipes de Sia Habitat restent motivées et après quelques mois de réflexions, elles décident d’appliquer des méthodes plus percutantes pour relancer le dispositif. « Avec l’aide du cabinet de design Okoni, nous avons communiqué un peu à la manière des forains qui arrivent dans une ville : flyers, pochoirs sur le sol, décoration dans les arbres… Nous avons aussi articulé la collaboration autrement. Plutôt le weekend, pour toucher toutes les catégories de personnes, et nous avons organisé des animations plus ludiques qu’une réunion comme la construction d’une cabane dans le parc ou un atelier de co-conception à l’aide de maquettes 3D” détaille Richard. Cette fois-ci, la machine est lancée et en janvier 2018 des premières pistes d'aménagement du parc sont à l’étude.
Toutefois la dynamique engagée demande encore à être consolidée car d’autres projets sont à venir. L’accueil sur place est plutôt positif mais les mentalités ne se changent pas du jour au lendemain. La confiance reste fragile et certains habitants s’interrogent sur la finalité de ce type d’actions. Pour Richard, le travail ne fait que commencer : “Ce sont des pratiques nouvelles dont on ne mesure pas encore tous les impacts. Cette première expérience nous encourage à travailler plus précisément sur nos relations de tous les jours avec les habitants. Il nous faut fournir une qualité de service irréprochable avant d’espérer initier un dialogue efficace. »