C’est en 2016 que les Compagnons Bâtisseurs et Erilia se rencontrent. L’un cherchait des financeurs et un terrain propice pour ses actions alors que l’autre souhaitait instaurer une nouvelle relation avec les habitants dans un quartier en projet de rénovation urbaine (PRU). En effet pour le bailleur ce projet a un double avantage. Il lui permet à la fois de remplir sa mission de générateur de cohésion sociale, tout en rappelant aux locataires qu’ils ont aussi un rôle à jouer dans l’amélioration de leur logement et de leur cadre de vie. Eric Tissot, directeur de l’agence en Avignon et Aline Genteur, chargée d’accompagnement social, en seront les porteurs au sein de l’entreprise.
De concert avec l’association, Erilia adapte le concept et oriente les actions vers un maximum de pédagogie. Concrètement le dispositif se compose de trois actions principales :
- Des ateliers pédagogiques mensuels dans un appartement témoin, fourni par Erilia dans une résidence du quartier, où les compagnons bâtisseurs et le personnel de proximité de l’entreprise apprennent aux habitants à réaliser eux-mêmes des opérations d’entretiens courant.
- Des chantiers à domicile, via un référent permanent de l’association qui étudie les demandes de travaux puis accompagne les habitants avec des conseils, des démonstrations ou une aide directe aux travaux selon les capacités physiques et financières des personnes impliquées.
- Une outilthèque, au sein de l’appartement témoin, où les habitants peuvent emprunter gratuitement les outils nécessaires à la réalisation de travaux.
« Au-delà de l’aspect bricolage, nous tenions à mettre en place les ateliers pour que les gens apprennent à faire eux-mêmes et adoptent un autre regard sur leur logement. Lors des ateliers, le dialogue s’ouvre et nous pouvons également faire passer des messages sur la sécurité, les réglementations ou les droits et les devoirs de chacun » précise Eric Tissot.
Double effet positif : les ateliers font le plein et l’entraide entre locataires s’organise puisque l’on constate que certains participent aux chantiers des uns et des autres. Une nouvelle forme de vivre ensemble se construit dans le quartier.
Pour les habitants cette auto-réhabilitation accompagnée améliore le confort dans les logements et développe leur capacité d’agir sur leur cadre de vie. Il contribue au lien social et aux solidarités. Pour le bailleur, cela optimise l’impact de ses actions sur la cadre de vie et permet même de faire des économies en réduisant les sollicitations abusives. « Si les locataires s’approprient leur logement tout le monde est gagnant. Ils s’y sentent mieux, ils s’y investissent et pour nous c’est aussi l’assurance d’un bon entretien sur le long terme » ajoute Eric Tissot.
D’autres bailleurs commencent à s’intéresser à la démarche pour la reproduire au sein de leur parc. Quant à nos porteurs de projets, ils poursuivent leur partenariat, avec l’association. Un nouvel atelier dédié aux enfants a été testé au mois d’avril. D’autres pourraient être programmés. Eric Tissot envisage également de poursuivre certains projets au sein des parties communes. À Avignon le bouche à oreille a tellement bien fonctionné que des locataires d’autres résidences sont maintenant demandeurs. Et Aline Genteur travaille pour élargir la démarche à d’autres secteurs partout en France.
Ce projet n’a pas fini de faire des émules puisqu’en plus du prix « Habitant », le public de l’édition 2018 de l’Académie lui a également décerné son premier « Coup de cœur ».