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Publié le 10/07/2019

Erilia : Relogement au K par cas à la Castellane

Crédits photo : Teddy Seguin pour Erilia

Emblématique du quartier de la Castellane à Marseille et trop souvent connue pour ses trafics, la tour K va être démolie. À la clé, le relogement de 70 familles, installées pour certaines depuis des décennies. Mission à risque… en bonne voie de réussite.

Un totem et une vigie

La tour K, c’est à la fois le totem du quartier – on la voit de partout – et une imposante vigie : elle domine Marseille de ses 14 étages. Cette disposition particulière en a fait le haut-lieu des trafics et du deal. On aurait tort pourtant de la résumer à cet « espace de non droit hérissé de kalachnikovs » dont parlent trop souvent les médias. « La Castellane est avant tout un quartier, où même dans un environnement sensible se mèlent une vie sociale intense, une entraide entre voisins et des énergies » explique Géraldine Bourdin, chef de service renouvellement urbain chez Erilia et coordinatrice de l’ensemble du projet.

C’est donc une tour symbole qui va être démolie courant septembre 2019 – l’opération constituant l’amorce d’un vaste projet urbain préfiguré en 2014 sous l’égide de la Métropole Marseillaise : « l’idée centrale, c’est de désenclaver toute la Castellane, une cité aux allures de labyrinthe, dont la tour K constitue en quelque sorte le verrou ».

Désenclaver le quartier avec un mail central

L’opération a déjà donné lieu à la démolition d’un patrimoine Unicil de 12 logements assurés en maitrise d’ouvrage déléguée par Erilia, et à celle de la place de la Tartane et de ses garages. La Tour K une fois disparue, la Métropole pourra créer un grand mail central paysager, pour le passage à la fois des voitures et des piétons, complété par des espaces publics, ludiques et de repos. Le terrain ayant un fort dénivelé, l’enjeu est aussi d’égaliser l’espace pour réunir les parties haute et basse. Le nouvel axe permettra enfin l’ouverture du quartier et chacun pourra mieux y vivre, y circuler et s’y sentir en sécurité…

Pour y parvenir, deux obstacles majeurs restaient à franchir. Le premier, et le plus délicat : comment réussir sans heurts le relogement de familles dont l’installation, pour certaines, remonte à la construction de la tour, voici 50 ans ? Le second était d’ordre technique : comment réaliser sans danger une démolition de cette ampleur dans un contexte urbain très dense ? Sur un sujet comme sur l’autre, la réponse de Géraldine Bourdin est identique : « nous avons fait dans la dentelle ! »

Un accompagnement d’hyper proximité

La démolition va donc commencer d’ici octobre. Mais le travail d’accompagnement des habitants a débuté, quant à lui, voici déjà trois ans. « Lors d’une réunion publique, les élus de la Métropole leur ont expliqué le projet urbain… et nous avons aussitôt débuté le travail d’accompagnement. Un travail d’hyper-proximité, dont les mots d’ordre ont été de bout en bout la disponibilité et l’écoute ».

Orchestré par le Service du renouvellent urbain en lien direct avec l’agence de la Joliette, le dispositif de relogement a pris appui sur une équipe de maîtrise d’œuvre sociale présente quotidiennement sur site, avec des temps de permanences et des rendez-vous personnalisés.

« C’est surtout le suivi individuel des familles concernées qui a porté ses fruits, chacune bénéficiant d’un référent relogement attentif à comprendre leurs besoins et à les accompagner dans la définition de leur projet » commente Géraldine Bourdin. La dynamique partenariale a par ailleurs porté ses fruits, avec un appui importants des bailleurs et des réservataires de la Métropole dans la mobilisation de l’offre de logements.

En avril, les deux dernières familles ont quitté la Tour et toutes sont désormais relogées. L’enquête réalisée auprès d’elles révèle des résultats rassurants : 84,6% s’estiment satisfaites ou très satisfaites (dont près de 57% pour la seconde catégorie). Elle montre par ailleurs que 21% ont choisi un immeuble tout proche, 72%, des arrondissements limitrophes et que près d’une famille sur deux s’est installée dans un logement neuf.

Le chantier en action

Attentifs à préserver au mieux la sérénité des riverains, les responsables techniques du projet entendent aussi mener les travaux en limitant au maximum les nuisances pour les quelques 4 000 personnes vivant à proximité. « L’idée d’une démolition par implosion était exclue, de même que l’utilisation de la pelle à grand bras pour préserver la bonne circulation dans le quartier. C’est donc la technique du « grignotage » par robots qui a été choisie. »

Mais avant leur intervention, environ six mois de préparation et de curage seront nécessaires pour enlever, trier et évacuer le bâtiment de ses portes, fenêtres, sanitaires carrelages… et de son amiante – cette dernière phase étant menée à bien dans les conditions réglementaires de sécurité maximales… Un chantier majeur, qui va beaucoup marquer les gens durant environ une année, donc l’occasion de poursuivre un important travail de proximité… et de mémoire.

Communiquer tout au long du projet

« Depuis trois ans la mémoire a été en effet au cœur de notre action : mémoire des habitants bien sûr, mais aussi mémoire du lieu et du bâti. Pour mieux la refléter, c’est le regard artistique qui nous a semblé le plus juste » reprend Géraldine Bourdin.

Le photographe Teddy Seguin a donc suivi plusieurs familles dans leur parcours de relogement - fixant leur vie dans la Tour puis leur installation dans leur nouvel appartement. Son travail a donné lieu à une exposition au centre social du quartier, où tous les habitants ont été invités. Il a aussi fait l’objet d’un - très - beau livre dont l’éditorial énonce ces mots très justes : « C’est l’histoire d’un renouveau, l’histoire des habitants de la Tour K dont les souvenirs habiteront les murs de La Castellane bien après leur passage… ».

Le même photographe poursuivra son travail par une série de clichés couvrant toutes les étapes de la démolition. Exposées sur les palissades de chantier, lieu de passage idéal, elles voisineront avec les œuvres des écoliers et écolières de la Castellane, entraînés par la Compagnie des rêves urbains, laquelle publie avec eux à leur intention un joli journal : « Chantier en vue ! ».

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