Stratégie

Publié le 09/07/2019

Place aux jeunes !

Dans nos entreprises, sur scène, et dans nos stratégies collectives de réinvention, les jeunes sont de plus en plus présents. Une occasion pour se réinterroger sur la façon dont notre secteur répond à leurs besoins de logement.

Lors de l’AG des ESH qui s’est tenue à Paris le 18 juin dernier, 10 collégiens de 3e issus d’un quartier prioritaire de Beauvais sont montés sur scène aux côtés des « parrains » qui les ont accompagnés à l’occasion d’un stage de découverte à la SA HLM de l’Oise. Présent à la cérémonie, le ministre du logement a souligné dans son discours que ces stages de 3e étaient à « l’image du problème que nous devons résoudre dans les QPV, car le réseau des enfants ne va pas au-delà des frontières de leurs quartiers […]. Ouvrir leurs réseaux est fondamental ».

Quelques jours plus tard, d’autres élèves de quartier prioritaire, de 4e cette fois-ci, montaient à leur tour sur scène au collège de Chasse Royale à Valenciennes, en présence du préfet à l’égalité des chances, de la directrice académique adjointe, de leurs parents et professeurs dans le cadre d’une grande opération de « Chasse aux métiers » organisée par la SIGH, bailleur du quartier. Objectif : ouvrir ces jeunes au monde du travail, et leur donner des idées pour bien choisir leur stage de 3e.

Les réunions sur scène de tous ces acteurs témoignent d’un engagement des ESH qui s’est traduit cette année par l’accueil de 46 % de stagiaires de 3e issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et, au sein du Groupe Habitat en Région, par la mobilisation de 12 sociétés qui ont accueilli au total près d’une soixantaine de stagiaires de QPV.

Découvrez le résumé en images de l'expérience de ces élèves de 3ème à la SA HLM de l'Oise :

L’occasion de se réinterroger sur nos missions d’intérêt général

L’enquête qui a clos le projet d’Habitat en Région a montré le vif intérêt des marraines et parrains qui ont accompagné ces jeunes durant leur semaine dans l’entreprise. Plusieurs d’entre eux ont même spontanément laissé leur numéro de téléphone à leur filleul pour continuer à les accompagner dans leur réflexion sur leur orientation. Un signe que le projet rejoint là quelque chose de profondément ajusté à la mission d’intérêt général du bailleur social et qu’il contribue à donner du sens à l’activité de ses collaborateurs ?

Cette expérience auprès des jeunes est, de fait, l’occasion de s’interroger sur la manière dont le logement social répond aux besoins de logement des jeunes. En partant tout d’abord du constat qu’il y répond de moins en moins : en à peine une trentaine d’années (1985-2013), la part des moins de 30 ans dans le parc HLM est passée de 30 % à 8 %*. Mais au-delà de l’accès au logement, ce sont aussi les « inégalités de destin » auxquelles sont confrontés la plupart des jeunes qui interpellent, tant il est de plus en plus flagrant qu’ils sont contraints de construire leur parcours d’accès à l’autonomie en s’adaptant comme ils peuvent, surmontant - chacun pour lui-même - les inégalités liées à leur milieu social ou leur lieu de résidence, ainsi qu’aux ressources sociales, culturelles et économiques qu’ils sont en mesure de mobiliser.

De multiples initiatives sont prises depuis des années pour remédier à ces difficultés, tant par l’Etat ou les collectivités que par les acteurs associatifs, mais elles semblent encore trop ponctuelles ou de portée trop limitée pour soutenir une véritable dynamique de transformation. De ce point de vue, les 80 quartiers éligibles au label « cité éducative » dont la liste vient d’être publiée sont une opportunité pour mener des démarches plus globales à l’échelle d’un territoire. Ce dispositif – comme ceux qui l’ont précédé - n’aura toutefois d’intérêt et d’effets que dans la mesure de l’investissement et de la coopération des acteurs locaux. Valérie Fournier a d’ailleurs interpellé le ministre du logement sur ce sujet à l’AG des ESH, regrettant qu’« on ait oublié l’échelon des bailleurs sociaux » sur la rédaction du projet, mais prenant les devants : « Si vous voulez faire de nous des acteurs, nous le serons ».

Faire confiance aux jeunes pour préparer l’avenir

Les revendications portées à intervalles réguliers par la jeunesse peuvent se comprendre comme des réactions à ces « inégalités de destin ». Qu’elles prennent la forme d’émeutes urbaines ou de manifestations, elles traduisent une volonté de laisser ouvert le champ des possibles voire de permettre le droit à l’erreur. Cette préoccupation vis-à-vis de l‘avenir rejoint sans doute les mouvements européens plus récents de jeunes autour des enjeux climatiques, qui reflètent une volonté de se faire entendre et de peser sur des choix (ou des absences de décision) qui impacteront leur vie d’adulte.

Ainsi une opportunité se présente-t-elle aux bailleurs sociaux de revisiter la mission d’intérêt général en réinventant de nouveaux « modes de faire », plus en phase avec les objectifs de développement durable (ODD) tels que définis par 193 états en 2015 lors d’un sommet des Nations Unies. Il s’agit notamment de concilier les objectifs d’accès à une éducation de qualité et de réduction des inégalités avec des objectifs environnementaux et climatiques. Autrement dit, de donner un signal fort - et crédible - aux jeunes générations que leurs aspirations et leurs craintes ont été entendues et qu’elles seront prises en compte.

C’est pour débattre de toutes ces questions que l’Académie d’Habitat en Région prévoit au trimestre prochain une conférence sur la jeunesse.

 

* Source : Insee, enquête logement 2013

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